HtmlToText
suivre ce blog administration connexion + créer mon blog en classe hors classe chansons du même auteur 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 > >> 6 décembre 2017 3 06 / 12 / décembre / 2017 14:53 ouistitiiiiii ! lundi matin, en arrivant à l’école, j’ai un choc. madame lafeuille en blazzer stretch, monsieur janti en cravate à pois, directrice pleine de fond de teint et sonia surmontée d’un chignon inédit. mes collègues aussi apparemment sont choqués. ils me reluquent des pieds à la tête d’un air mi-moqueur, mi-dépité, mi-dédaigneux. ça fait trois moitiés pour un seul air, mais ils l’expriment tous super bien. monsieur janti me dit en rigolant : - toi, tu as oublié la photo de classe aujourd’hui. en effet. je me mords la lèvre, baisse la tête et me reluque moi-même des pieds à la poitrine. je pensais m’être fait griller par la simplicité de ma tenue, le côté trop quotidien de mon accoutrement, mais il y a pire. et c’est sonia, tapotant sur la porte de la salle des maîtres où sont affichées les photos de l’équipe enseignante des cinq dernières années, qui le souligne. - merde tèv’. 2011/2012. le pull !! - quoi, quoi le pull ? - tu as mis le même pull qu’il y a deux ans. elle l’a bien dit : merde. vendredi, avant de partir, j’avais pourtant bien vérifié sur les photos de la salle des maîtres. j’avais même fait l’inventaire des pulls qu’il me restait. du pull, en fait. il ne m’en restait qu’un parmi les six qui règnent dans mon armoire depuis la nuit des temps. le plus moche en fait. j’avais espéré changer d’école avant de devoir le mettre mais je n’avais pas eu ma mutation. d’ailleurs, c’est quoi le pire. une photo avec un pull moche ? ou une photo avec le même pull qu’il y a deux ans ? je sais. le pire, c’est une photo avec le même pull moche qu’il y a deux ans. en montant en classe, je fais un détour aux toilettes pour me regarder dans le miroir. c’est bien ce que je craignais. j’ai les cheveux complétement raplapla. la coupe de l’idiot du village. la même que daniel auteuil quand il joue ugolin dans manon des sources. en plus, je les ai lavés ce matin, alors pas moyen d’utiliser leur graissage naturel pour leur donner un tant soit peu de volume. je pense à une technique infaillible et tout aussi naturelle. un raclement de gorge. un mollard dans le creux de ma paume. un geste viril de coiffage. et le tour est joué. le problème, c’est qu’aujourd’hui, je ne suis pas enrhumé. mes glaires peu consistantes ne produisent pas l’effet béton structurant vanté par les pubs du gel vivelle dop. alors je renonce. plus tard, quand mes élèves arrivent, je crois voir débarquer une procession d’enfants de chœur en habits du dimanche. ce matin, les pots de gel en ont pris un coup, les bombes de laques ont fini de trouer la couche d’ozone et les fers à lisser sont montés en températures. les gourmettes, les pendentifs et les boucles d’oreilles des aïeux sont exceptionnellement sortis des écrins. et les chemises sont boutonnées jusqu’à l'étouffement. chaque année pour la photo de classe les grands de cm2 passent en dernier. alors toute la matinée, je me crois sur la route des vacances transportant une vingtaine de gosses me demandant tous les kilomètres « c’est quand qu’on arrive ? ». sauf que là, je conduis une machine pédagogique de grande précision et que les « c’est quand la photo ? » incessants la détraque complétement. et quand vient le moment de descendre sous le préau aménagé en studio photo, l’excitation est à son comble. mehdi me supplie de le laisser partir aux toilettes pour s’humecter le visage. - pour quoi faire ? je lui demande. - me mouiller le visage. - mais pourquoi ? tu ne te sens pas bien ? - l’effet mouillé, maître, l’effet mouillé. ca claque sur une photo. je renvoie mon apprenti bodybuilder dans les rangs et c’est lyna qui vient se plaindre de l’humidité ambiante qui est en train de gâcher ses heures de relooking dans sa salle de bain. j’ai envie de lui répondre qu’avec mon pull moche et ses cheveux frisés, j’aurai l’air d’un berger au milieu de son troupeau de moutons et que ça ne sera pas si loin de la réalité. je ne me souviens pas que de « mon temps » la photo de classe suscitait un tel engouement. qu’une telle effervescence naissait autour de l’arrivée du photographe. je me souviens plutôt qu’un matin par an, par surprise, le maître nous disait de poser nos plumes et de boucher nos encriers pour faire la photo. nous ajustions nos blouses et moi et mes 43 camarades descendions dans la cour. là, une estrade était improvisée avec des bancs et le photographe nous plaçait par taille devant son objectif. je me souviens que chaque année, c’était joseph, le plus petit, qui tenait l’ardoise sur laquelle étaient écrits à la craie le nom de notre école et la promotion à laquelle nous appartenions. le photographe passait sa tête sous le drap noir de sa chambre photographique. il en ressortait aussitôt, nous demandais de ne pas sourire et sifflotait une mélodie qui correspondait exactement au temps d’exposition. aujourd’hui, debout à la droite de mes ouailles, le sourire figé, je lutte pour ne pas regarder quel élève est en train de ricaner bêtement, ou quel autre s’amuse à prendre des poses digne des clips de rnb. soudain, un petit animal surgit devant nous. un petit singe agile et invisible qui traverse notre groupe. un ouistiti qui traîne son iiiii final et qui nous fige en un instantané de bonheur qui viendra remplir la coopérative de l’école. ce texte est extrait de "a l'école des mômes". une idée cadeau pour vos copains profs des écoles ! ;) repost 0 published by tévélis commenter cet article 22 novembre 2017 3 22 / 11 / novembre / 2017 13:19 des poteaux en blouson mesdames, messieurs, bonjour ! nous sommes en direct de la cour de l’école et j’ai l’honneur de vous commenter ce match de football comptant pour les qualifications du championnat national de foot de récré catégorie poteaux en blouson. les joueurs sont rentrés sur le terrain mais ils ne savent toujours pas pour quelle équipe ils vont jouer. les chasubles-jaunes-qui-puent-le-grenier ou les sans-maillot ? c’est antoine, comme d’habitude, qui, le ballon en mousse sous le bras, désigne les joueurs qu’il aura dans son équipe. d’un doigt sacré, il montre à tour de rôle lucas, yousef, issa et marie. cinq contre quatorze, quel challenge !! mais les quatorze ne sont pas d’accord. joachim fait remarquer que c’est toujours pareil, pfff, qu’il en a marre et que puisque c’est comme ça, il ne joue plus. il quitte le terrain en faisant de grands gestes, et comme personne ne semble le retenir... il revient. hamza propose de tirer des équipes équitables. antoine accepte à la condition d’être chef d’équipe. hamza constituera l’autre équipe. le toss pour savoir qui commence à choisir se fera par chou-fleur, une technique ancestrale ou chaque chef d’équipe se fait face et avance à tour de rôle de la longueur d’un pied en disant « chou » pour l’un et « fleur » pour l’autre. celui qui marche sur le pied de l’autre commence à choisir les joueurs de son équipe. leïla propose de ploufer qui avancera son pied en premier. « plouf-plouf !un petit cochon pendu au plafond, tirez-lui la queue il pondra des œufs et comme le roi et la reine ne le veulent pas mais que le prince le voudrait peut-être et que comme la sœur du prince ne sait pas bien et que… » « allez !!! leïla, t’es chiante » « … ce ne sera pas toi ! ». petit moment de flottement, comme toujours avec ce procédé. donc, si ce ne sera pas lui…ce sera l’autre. c’est hamza qui commence. il avance son pied et antoine fait de même. la procession est très lente. il semble qu’ils ne se rencontreront jamais. mais, alors qu’ils ne se trouvent plus qu’à quelques centimètres l’un de l’autre, et que la victoire semble acquise pour hamza, antoine tente un magnifique geste et pose son pied de travers. hamza proteste. antoine, serein, lui rétorque « on n’a pas dit qu’on n’avait pas le droit aux demi-pieds ». hamza capitule et antoine lui écrase la chaussure au tour suivant. le gagna